Lettre AESH
Dans le dossier de presse consacré au projet de loi de finances 2025 pour l’Education nationale et présenté le 10 octobre dernier, notre ministre annonce le recrutement de 2 000 équivalents temps plein (ETP) d’AESH pour la rentrée 2025 (soit 3 226 personnes physiques).
Plus largement, Madame Anne GENETET affirme que l’école inclusive reste une des priorités du gouvernement avec la création de plus de 500 ETP d’enseignants : 300 pour poursuivre l’ouverture d’ULIS, 115 pour renforcer l’inclusion scolaire des élèves souffrant de troubles du neurodéveloppement et 100 emplois pour élargir l’expérimentation des PAS à 4 nouveaux départements en 2025/2026 (après ceux de l’Aisne, de l’Eure-et-Loir, de la Côte-d’Or et du Var en 2024/2025). A noter qu’aucune création de poste d’enseignant spécialisé n’est prévue dans les établissements sociaux et médico-sociaux.
Or, le recrutement d’AESH supplémentaires est nettement inférieur à ce qu’il a été les années précédentes (+ 4000 ETP d’AESH en 2022, + 4000 en 2023 et + 3000 en 2024) et ne permet pas un accompagnement de qualité des élèves en situation de handicap (ESH) scolarisés en milieu ordinaire compte tenu de l’augmentation plus importante de leur effectif (+ 27000 en 2022, + 32000 en 2023 et + 45000 en 2024). D’autre part, cet accompagnement est de plus en plus un accompagnement mutualisé (64% des accompagnements en 2024 contre 39% en 2017) et l’augmentation conséquente du nombre d’élèves avec des formes de handicap complexes (troubles mentaux et psychiques importants ou polyhandicaps) laisse souvent les AESH dans le plus grand désarroi, à l’instar des enseignants et autres personnels.
Le dossier de presse vante également l’amélioration des conditions de recrutement et d’emploi des AESH. Mais on sait que le CDI après 3 ans de CDD a été contraint par la crise du recrutement d’AESH et un turn-over de ces personnels qui coûtait très cher à l’institution. Les AESH, y compris sous CDI, restent des contractuels.
Pour le SNALC, l’attractivité et la sécurisation du métier d’AESH passent par un statut de fonctionnaire de catégorie B !
Par ailleurs, les dernières mesures de « revalorisation » salariale initiées par le ministère de l’Éducation nationale qui datent de septembre 2023 (nouvelle grille indiciaire, création d’une indemnité de fonctions, hausse de l’indemnité des AESH référents) ne sont pas à la hauteur et laissent les AESH avec des salaires indigents. Pas d’augmentation en 2024 et rien n’est prévu pour 2025…
De même, le ministère met en avant la possibilité, pour les AESH qui le souhaitent, d’augmenter leur quotité de travail dans le cadre de la prise en charge par l’État de l’accompagnement humain des ESH durant le temps de pause méridienne, possibilité instaurée par la loi du 27 mai 2024. Toutefois, nous savons tous que les budgets font défaut et que cette éventualité relève de la théorie et ne se concrétise pas, ou à la marge, sur le terrain.
Enfin, nous apprenons que la mise en place d’un plan d’action métier sur les parcours professionnels des AESH, annoncé dans le cadre du comité interministériel du handicap (CIH), devrait aboutir en 2025. Ce plan doit permettre de construire des carrières professionnelles et de valoriser les acquis de l’expérience pour accéder au métier d’éducateur spécialisé au sein de l’Education nationale. Si la mise en application est bien envisagée pour 2025, il serait temps que le ministère consulte les organisations syndicales représentatives, dont le SNALC, sur ce projet dont elles ne connaissent depuis le CIH du 16 mai 2024 que le titre.
Vous l’aurez compris, à défaut de moyens budgétaires supplémentaires suffisants, les AESH devront continuer à se serrer la ceinture en 2025, que ce soit dans l’exercice de leurs missions ou pour faire face à la stagnation de leur maigre rémunération !
Danielle ARNAUD
Secrétaire nationale chargée des personnels contractuels