Lettre Professeur des écoles
Le ministre de l’Éducation nationale fraîchement nommé a rapidement été confronté à des défis majeurs. À peine les controverses autour de l’interdiction de l’abaya se sont-elles calmées, qu’il a dû faire face à une série de situations et d’événements complexes à gérer : suicides d’élèves, attentats, actes antisémites… Difficile de mettre en avant, comme il le souhaitait, la priorité de l’apprentissage des fondamentaux à l’école lorsque des problèmes sociaux et des actes graves plus ou moins liés à l’actualité internationale viennent remettre en question la quiétude, la laïcité et la sécurité de nos écoles.
Pour autant, reconnaissons que le Ministre semble faire preuve de combativité sur tous les fronts. Si nous saluons sa volonté de faire de l’école un lieu d’exigences pour les apprentissages, il semble avoir négligé un facteur important : la santé mentale des enseignants, épuisés et découragés par la multiplication depuis des années des nouveautés contraignantes et contre-productives, des enquêtes inutiles et chronophages, et surtout des promesses séduisantes qui restent lettre morte.
Les professeurs des écoles ont désespérément besoin d’objectivité et de visibilité dans les exigences institutionnelles. Malheureusement, bien qu’intéressantes, les premières initiatives du ministère depuis l’arrivée de Gabriel Attal en font cruellement défaut.
On notera la nouvelle mission « exigence des savoirs », à laquelle le SNALC adhère car elle va dans le sens de l’école qu’il défend depuis toujours. Cependant, nous avons des réserves concernant le questionnaire associé, où les choix de réponses proposées sont très orientés et oscillent parfois entre des expressions signifiant « très favorable » et « satisfaisant ». Le SNALC a donc décidé de lancer son propre questionnaire bien plus centré sur la réalité.
Dans un autre registre, une autre enquête chronophage a vu le jour, notamment pour les directeurs d’école : le récent questionnaire sur le harcèlement dans le cadre de pHARe. Bien sûr, le SNALC ne remet pas en question l’objectif louable de cette initiative visant à lutter contre ce fléau. Cependant, les retours que nous avons reçus témoignent d’une incompréhension quant à sa mise en place soudaine et à sa passation sans préparation réelle des enseignants. Ces derniers auraient aimé plus d’explications sur l’utilisation des informations recueillies, ainsi que sur les mesures qui seront prises (ou pas) au niveau de la classe ou de l’école.
D’autres sujets d’actualité, tels que la sécurité des écoles et des établissements, occultent certaines réalités du moment, comme les nombreux problèmes informatiques auxquels sont confrontés des collègues qui comptaient sur la fiabilité de SIAM pour tenter leur chance, cette année encore, de changer de département. Sans surprise, rien n’est fait pour augmenter le taux de mutation bien trop faible. Une autre réalité qui risque de susciter la colère des enseignants est le passage à la classe exceptionnelle. En effet, ce dernier manquait déjà de transparence, il sera désormais totalement opaque ; si bien qu’un tirage à la courte paille semblerait bien plus objectif.
Pour conclure, l’histoire nous a montré qu’il ne suffit pas d’avoir les bons mots, les bonnes idées, la bonne attitude. Le ministre de l’Éducation nationale qui a pris ses fonctions après l’élection du Président Emmanuel Macron nous a prouvé que l’apparence ne fait pas tout et que si les premières impressions peuvent être positives, le bilan peut lui être catastrophique. Nous jugerons sur les actes.
Christophe GRUSON,
Secrétaire national SNALC premier degré