Pourquoi ce travail ?
Il s’agit d’aborder la souffrance de ceux qui servent l’institution scolaire. Morosité, crise des vocations, violences physiques, psycholo–giques, dépression, suicides… tels sont les phénomènes qui altèrent de plus en plus le quotidien des personnels de l’Éducation Nationale. Bien entendu, il existe des situations où les personnes vivent bien leurs métiers, à des degrés variés. Ne soyons pas manichéens ; l’idée ici n’est pas de dessiner un tableau volontairement noirci mais, au contraire, de décrire une situation méconnue ou volontairement ignorée. C’est un constat général, même s’il peut y avoir des variations (légères), notamment en fonction de la géographie sociale du pays.
La responsabilité évidente de l’institution
Beaucoup de nos collègues ressentent ces souffrances, à des degrés divers. Le souci, c’est qu’en cherchant à trouver les causes de ce malaise, un grand nombre se remet en question, ce qui conduit à un sentiment de culpabilité. Et pourtant, en mettant des mots sur les maux, en s’appuyant sur des faits précis et des chiffres, on se rend compte que, dans la grande majorité des cas, la souffrance au travail est imputable à l’institution, non à l’individu.
Oui, l’institution est responsable de la déconsidération, économique et sociale, que connaît le métier.
Oui, l’institution est responsable de la mutation appauvrissante de la profession.
Oui, l’institution est responsable de l’accentuation des pressions au travail.
Oui, l’institution est responsable de la souffrance physique et psychologique subie par les collègues, de la violence au burn-out en passant par le harcèlement : avec cette volonté de masquer la violence, utilisant la technique de « la poussière que l’on met sous le tapis », l’Éducation nationale veut montrer que « tout va bien ».