Lettre Professeur des écoles
Durant la trêve estivale, les Jeux Olympiques et nos brillants athlètes nous ont heureusement permis d’oublier momentanément la médiocrité de nos politiciens. Après une fin d’année scolaire empreinte d’incertitude, les professeurs ont pour leur part assuré et réussi cette rentrée 2024 comme si de rien n’était, même sans ministre, pendant que nos hauts responsables offraient un spectacle pour le moins désespérant, faisant de plus en plus douter de leur réelle aptitude à gouverner.
Comme à l’accoutumée, nous sommes retombés dans la routine de septembre et son flot de contrariétés.
Les plus jeunes d’entre nous qui ont découvert il y quelques jours ce que signifiait réellement « avoir la responsabilité d’une classe » n’auront en tête cette année que la titularisation espérée. Pour autant, les prochains mois s’annoncent pour ces professeurs débutants aussi captivants et palpitants qu’épuisants et parfois frustrants.
D’autres, un peu plus expérimentés, pour qui le métier est devenu beaucoup moins captivant et palpitant, pensent avant tout à la promotion qui les attend cette année. Cette promotion leur permettra peut-être de ne plus avoir à accumuler des heures de surveillance de cantine ou d’études dirigées pour gagner un peu plus d’argent.
Certains, en ce début d’année, s’inquiètent de la composition de leur classe. Cette dernière s’avère, après quelques semaines de cours, bien plus exténuante que celle de l’année passée, notamment à cause des cas d’inclusions qui se sont multipliés et qui s’annoncent extrêmement difficiles à gérer, avec ou sans AESH.
Pour d’autres encore, cette année sera angoissante et charnière avec un rendez-vous de carrière, prévu dans quelques semaines ou quelques mois. Rien d’étonnant à ce que ce rendez-vous soit redouté, car de l’extérieur, l’appréciation qui en découle semble souvent être davantage le résultat d’un tirage à la loterie qu’une véritable évaluation du travail, des capacités, de l’investissement et de l’expérience du professeur.
Enfin, c’est une évaluation d’école qui attend d’autres professeurs, anxieux à cause de l’atmosphère parfois déjà tumultueuse de l’école. Parmi ces collègues, ce sont les directeurs, pourtant si sollicités et investis, qui angoissent le plus à l’idée que cette évaluation d’école influera incontestablement sur leur propre évaluation et sur la charge de travail quotidien.
Une chose est sûre, une grande partie de la profession ressent malgré tout une petite joie car cette rentrée réalisée est à soustraire de celles qu’il reste avant de pouvoir prétendre à la retraite. Quoique… Cette maigre satisfaction risque fort d’être anéantie par un éventuel nouveau report de l’âge de départ à la retraite. Le SNALC n’a pas mâché ses mots en évoquant la situation, notamment financière, de la profession le 11 septembre lors de son audition à l’Assemblée nationale.
Bref, chacun entame une année d’angoisses, de stress et d’incertitudes, les infusions de camomille et de passiflore n’ont pas fini d’accompagner nos soirées… Loin est le temps où la rentrée était attendue par la majorité de la profession, ce temps où l’on se réjouissait de retrouver les élèves pour une nouvelle année, ce temps où aucune des angoisses évoquées précédemment ne venait entacher le plaisir d’enseigner, de faire découvrir, de partager.
Christophe GRUSON,
Secrétaire national SNALC premier degré
Contact