Lettre AED et AESH
Midas, personnage de la mythologie grecque, avait le pouvoir de transformer en or tout ce qu’il touchait. Ces dernières années, nos responsables politiques semblent avoir le pouvoir inverse, c’est à dire celui de dégrader, voire détruire, tout ce qu’ils touchent.
Ainsi, les assistant(e)s d’éducation et les accompagnant(e)s des élèves en situation de handicap devraient être transformés en accompagnant(e)s à la réussite éducative (ARE) et les pôles inclusifs d’accompagnement localisés en pôles d’appui à la scolarité (PAS).
Alors que les pôles inclusifs d’accompagnement localisés sont déjà une catastrophe pour l’inclusion scolaire et les conditions de travail des accompagnant(e)s des élèves en situation de handicap, pour ces pôles d’appui à la scolarité, l’exécutif a dégainé (une fois de plus…) le 49.3 à l’Assemblée nationale, ce qui suffit à prouver qu’ils ne constituent pas une amélioration pour les élèves en situation de handicap et les personnels.
Quel mépris envers les familles d’élèves en situation de handicap, qui n’ont pourtant pas ménagé leurs efforts ces dernières semaines, via les associations et médias, pour alerter sur les dangers de ces PAS et s’y opposer fermement. En effet, avec les PAS, c’est la fin des droits opposables des CDAPH1 et de la possibilité de recours contentieux en cas de non-respect des notifications MDPH2, notamment individuelles, par l’Education nationale.
Le choix politique de regrouper les fonctions, pourtant bien distinctes, des assistant(e)s d’éducation et des accompagnant(e)s des élèves en situation de handicap pour créer un métier d’accompagnant(e) à la réussite éducative, consiste à nier leur rôle respectif crucial dans l’institution, à ériger la contractualisation et de facto la précarité en norme d’emploi et constitue in fine une insulte lancée à la face de ces deux métiers.
Par ailleurs, nommer ce nouveau métier, « accompagnants à la réussite éducative », devenu immédiatement l’acronyme ARE, déjà utilisé pour « aide au retour à l’emploi », n’est incontestablement pas ce qu’il y a de plus judicieux…
Les assistant(e)s d’éducation et les accompagnant(e)s d’élèves en situation de handicap sont eux-mêmes désignés quasi exclusivement par les acronymes AED et AESH. Ne serait-il pas souhaitable d’en finir avec ces acronymes ?
Enfin, si l’École inclusive est incontestablement en train d’exploser sous nos yeux, la réponse de nos dirigeants est à nouveau quantitative ou budgétaire et non qualitative, en se contentant d’ajuster les besoins des élèves aux moyens octroyés par l’Éducation nationale, tandis que ces derniers restent très largement insuffisants.
Avec l’imposition des pôles d’appui à la scolarité, cette politique de l’inclusion scolaire, décidée unilatéralement, est un système perdants – perdants. Elle sacrifie en même temps les élèves en situation de handicap et leurs familles, victimes d’une remise en cause de la loi de 2005 et les assistant(e)s d’éducation et les accompagnant(e)s des élèves en situation de handicap, contraints à une déprofessionnalisation par la création du métier d’accompagnant(e) à la réussite éducative.
Jusqu’où oseront-ils aller dans l’inclusion scolaire au rabais et la maltraitance des personnels ?
En attendant, le SNALC continue à porter les revendications catégorielles bien légitimes des assistant(e)s d’éducation d’une part et des accompagnant(e)s des élèves en situation de handicap d’autre part et à se battre pour que les réformes envisagées transforment l’existant en mieux et non en pire !
1. Commission des Droits et de l’Autonomie des Personnes Handicapées
2. Maison Départementale des Personnes Handicapées
Danielle ARNAUD
Secrétaire nationale chargée des personnels contractuels