Lettre Professeur des écoles
En psychanalyse, respecter le principe de réalité consiste à prendre en compte les exigences du monde réel, ainsi que les risques et les conséquences de ses actes.
Malgré les nombreux avertissements du SNALC, il semblerait que notre ministère ait refusé de s’y confronter vraiment.
Et la catastrophe est arrivée : le professorat des écoles n’attire plus.
Le ministère a beau clamer que cela est dû à la réforme de la formation initiale et que tous les élèves auront des professeurs : plus personne ne les croit, les médias non plus d’ailleurs.
Ce n’était pourtant pas si compliqué de prévenir la désaffection annoncée. Il suffisait de mettre en dormance son principe de plaisir et de prendre en compte les exigences du réel, celles du terrain, celles des professeurs des écoles.
En premier lieu, la question salariale méritait – et mérite – mieux. La revalorisation des débuts de carrière n’est pas le rattrapage salarial qui nous est dû. Et entre nos conditions de travail et l’annonce d’un âge légal de départ à la retraite aux alentours des 65 ans, il ne faut pas s’étonner que nous soyons si pressés de changer de grade ou de métier !
Ensuite, réformer la formation initiale en repoussant d’une année l’entrée dans le métier, en contractualisant des étudiants pour supprimer des titulaires de postes fractionnés (bref, pour faire des économies), ce n’est pas vraiment une amélioration en soi et encore moins un allègement des tâches des directeurs si ceux-ci se retrouvent tuteurs d’étudiants les « déchargeant ».
Enfin, Jean-Michel Blanquer a eu beau répéter qu’il fallait respecter les professeurs, cela n’aura servi à rien. Nous ne pouvons être respectés quand notre propre institution ne nous respecte pas sur le terrain, dans le réel.
La politique du « pas de vague » a laissé et laisse encore des marques. Qui d’entre nous n’a jamais désespéré d’obtenir un interlocuteur précis au rectorat ou à la DSDEN ? Absences d’interlocuteur, absences de réponse, silences en guise de réponse, des silences qui valent refus, des silences qui valent acceptation… Les seuls qui répondent présents dans notre hiérarchie sont malheureusement trop souvent ceux au service de l’idéologie et de la communication institutionnelle, et non ceux au service de nos besoins urgents.
La vocation a pu avoir bon dos pour attirer ou faire tenir. Mais contrairement au ministère, la vocation, elle, se confronte, au principe de réalité.
Les professeurs ont besoin d’être de nouveau considérés et entendus. Votez SNALC en décembre 2022 aux élections professionnelles pour que nous, professeurs, inversions les forces et prenions notre avenir et l’avenir de l’école en mains.
Véronique MOUHOT,
SNALC premier degré