Lettre Professeur des écoles
Lors de la table ronde de rentrée à l’Assemblée nationale, au cours de laquelle les organisations syndicales abordent l’actualité et les problématiques de l’école, le SNALC a une nouvelle fois dénoncé les nombreux dysfonctionnements de notre institution.
Cette réunion s’est tenue quelques jours après le suicide de notre collègue Caroline Grandjean-Paccoud. Le SNALC n’a pas manqué de remettre sévèrement en cause la gestion par l’institution des situations de détresse, de souffrance et de risque auxquelles les enseignants sont de plus en plus exposés.
Xavier Perinet-Marquet, le représentant du SNALC pour le premier degré, a dénoncé des manquements récurrents et graves à tous les niveaux de la hiérarchie. Il a notamment souligné le manque flagrant de considération pour les collègues en difficulté, la sous-estimation quasi systématique de la gravité des situations et, pire encore, une tendance à ignorer totalement des appels à l’aide. La culture du « pas de vagues » persiste et semble désormais être la norme.
De manière générale, le soutien de l’institution demeure largement insuffisant. Lorsqu’un enseignant tente de faire respecter les règles – que ce soit face à des remises en cause de ses contenus pédagogiques, de la laïcité ou des principes républicains – il se heurte à une hiérarchie qui non seulement ne le soutient pas, mais qui, le plus souvent, détourne la réalité en inversant la culpabilité et en la reportant sur les agents en souffrance. Ces derniers se trouvant accusés, ne sentent contraints de se résigner à « souffrir en silence ». C’est inadmissible.
Quand la situation est suffisamment prise au sérieux pour que la protection fonctionnelle soit octroyée, cette dernière arrive souvent beaucoup trop tardivement. Or, cette protection fonctionnelle est d’une part un levier administratif essentiel, mais elle symbolise surtout pour le professeur la reconnaissance par l’institution de sa souffrance, de son angoisse ou du danger auquel il se sent exposé. Cela est une étape importante qui permet à l’agent de se sentir un peu moins seul face à l’adversité. L’enseignant concerné a besoin de bien plus que de la compassion : le processus doit impérativement s’accompagner d’un réel soutien, concret et durable, ce qui est trop rarement le cas aujourd’hui.
Les manquements de notre institution sur ce point sont d’autant plus préoccupants que la multiplication des incivilités, menaces, dénigrements et discriminations rythme désormais le quotidien des professeurs des écoles. Aussi, le SNALC continuera de dénoncer les pratiques accablantes d’une institution qui fuit ses responsabilités. Cela ne fait qu’accentuer le désarroi d’une profession déjà soumise à des conditions de travail éprouvantes.
Plus que jamais, les professeurs des écoles ont besoin d’écoute, de confiance et de compréhension. Le SNALC se bat au quotidien pour cela.
Christophe GRUSON,
Secrétaire national SNALC premier degré
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